Comment s'assurer de créer des personnages cohérents et crédibles dans un roman de fiction ?
Je trouve la question intéressante. Il m'est arrivé de trouver dans des romans des protagonistes d'une incohérence telle, que l'histoire en perdait de sa profondeur, de sa dimension. Ça en devenait carrément pénible à lire (mais c'est peut-être moi qui suis pénible tout court).
L'exemple de l'unijambiste qui part travailler tous les matins à vélo est une insulte à votre intelligence, et à la mienne en passant.
Mais prenons l'exemple de l'homme entre deux âges, réservé voire carrément timide, qui a tout du vieux garçon, décrit comme ayant une apparence ingrate et un style vestimentaire frisant l'outrage à l'ordre public.
Boulot ennuyeux, un seul ami, sa vieille mère comme fidèle conseillère et tout juste pas puceau grâce à une unique expérience vieille de quinze ans. Vous vous figurez le gars c'est bon ?
Mais soudain, notre héros sort boire une camomille avec son unique pote et il se transforme en dragueur, tchatcheur, chasseur de gazelles invétéré et qui, entre deux décoctions, se déhanche sur une piste de danse invisible se prenant pour le nouveau Ryan Gosling (pour le côté sexy) doublé d'un Michael Jackson (pour le côté danseur).
Totalement incohérent !!! J'ai oublié de préciser que notre héros est sobre; la camomille n'était pas un grog, et il ne l'a pas non plus fumée (je ne parle pas d'expérience mais à priori je déconseille de fumer de la camomille, de fumer tout court d'ailleurs).
Mais alors comment ne pas s'emballer et s'emmêler en créant nos personnages ?
La narration à la première personne du singulier, fait de nous des écrivains acteurs. Nous incarnons un personnage que nous ne sommes pas, sauf exceptions autobiographiques. Le "je" facilite toutefois, à mon humble avis, l'engagement émotionnel de celui qui écrit.
Ecrire à la troisième personne du singulier, nous impose naturellement une limite qui nous permet de mettre nos personnages en perspective et d'en avoir une vision différente. Cette forme de narration peut parfois se transformer en barrière à l'implication émotionnelle de l'écrivain, privant ainsi le texte d'une certaine profondeur.
Je tiens ma technique d'une vieille discussion avec un ami (datant environ de l'an 1 après Facebook, donc de l'an 5 avant Instagram et de l'an 12 avant Tiktok, pour aider les plus jeunes à se situer dans le temps). Lorsque je lui avais fait part de mon envie d'écrire un livre un jour, il m'avait dit que pour que les personnages de mon hypothétique livre soient cohérents il était conseillé que je me base sur des personnes que je connais.
L'idée n'est pas de faire de ma meilleure amie l'héroïne de mon livre, ou de faire de mon cousin un personnage récurrent, non. Le principe est de prendre les traits de caractère de base de quelqu'un que je connais, puis durant les péripéties que mon personnage vit dans l'histoire que je lui écris, je dois me demander comment aurait réagit Babette dans la même situation. Ou, est-ce qu'il est plausible que Babette réagisse ainsi dans une telle situation ? Et voilà, le tour est joué !
L'être humain est une espèce extrêmement complexe et nous sommes tous différents les uns des autres. Il est parfois difficile de se comprendre soi-même alors comprendre les autres, n'en parlons même pas.
Nous sommes faits de contradictions et d'incohérences mais nous avons aussi cette capacité infinie d'introspection et de développement intellectuel et psychique. Alors ne soyons pas trop durs avec nos personnages, parfois il faut simplement les laisser être eux-mêmes et les accepter tels qu'ils sont…
Et vous qu’en pensez-vous ?
Etes-vous déjà tombé des personnages de roman totalement incohérents ?
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